Face aux restrictions en immigration, comment attirer et retenir les talents étrangers? Quels sont les permis de travail à privilégier, et quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place au sein de votre organisation?
Grandes notions pour embaucher un talent étranger
Pour travailler au Canada, toute personne ayant un statut de ressortissant non canadien ou de résident permanent doit obtenir un permis de travail.
Dans la majorité des cas, l’employeur doit prouver que l’embauche du talent étranger n’aura pas d’incidence sur le marché du travail local. Ce processus, appelé étude d’impact sur le marché du travail (EIMT), est souvent nécessaire. Au Québec, un Certificat d’acceptation du Québec (CAQ) est également requis. Une fois ces étapes réalisées, le talent étranger peut demander un permis de travail.
Dans certains cas, la personne candidate peut être exemptée d’EIMT, facilitant ainsi les démarches. Le permis de travail obtenu est alors « fermé », c’est-à-dire que le talent étranger peut uniquement travailler selon les conditions convenues (poste, lieu, salaire, avantages).
Certains talents, comme les personnes diplômées du Québec ou les conjointes ou conjoints de talents étrangers, peuvent obtenir un permis de travail « ouvert », tout comme les personnes candidates admissibles à des accords de mobilité. Dans ces cas, aucune démarche préalable n’est nécessaire de la part de l’employeur.
Le salaire : un élément clé pour l’embauche et la rétention
Pour une demande d’EIMT, le salaire médian provincial est la référence. Au Québec, il est fixé à 32,96 $/heure. Les postes sous ce seuil sont classés à « bas salaire », ceux au-dessus à « haut salaire ». La durée maximale du permis de travail et les obligations de l’employeur varient selon cette classification.
Depuis le 26 septembre 2024, il n’est plus possible de présenter une demande d’EIMT pour des postes à bas salaire dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) où le taux de chômage excède 6 %. Un moratoire similaire est en vigueur sur l’île de Montréal jusqu’au 3 mars 2025.
Options pour l’embauche d’un talent étranger ou le renouvellement de son statut
Différents programmes permettent de recruter ou de renouveler le statut d’un talent étranger. Cela nécessite d’analyser trois documents : le passeport de la personne candidate, son CV et l’offre d’emploi.
La voie classique : demande d’EIMT
Si aucune autre option n’est disponible, une demande d’EIMT est requise. Au Québec, elle s’accompagne d’une demande de CAQ. Pour une EIMT classique, le poste doit être affiché au moins 30 jours de manière continue, via minimalement trois méthodes. Certains emplois figurant sur la liste des professions admissibles au traitement simplifié du Québec sont exemptés de cette obligation. Les talents TI peuvent aussi bénéficier du Volet des talents mondiaux qui allège les formalités.
Quel que soit le type d’EIMT, le salaire offert et la RMR de l’emploi doivent toutefois être considérés pour définir la possibilité de présenter une demande, et la durée maximale de permis de travail pouvant être obtenue.
La voie facilitante : permis exemptés d’EIMT
Les permis de travail dispensés d’EIMT ne sont pas visés par les mesures évoquées précédemment. En outre, les démarches et délais de traitement afférents sont moins conséquents. Dès lors que l’on souhaite embaucher ou renouveler l’embauche d’un talent étranger, il convient d’évaluer la possibilité de bénéficier d’une exemption d’EIMT.
L’un des programmes les plus connus est Expérience internationale Canada (EIC). Plus d’une trentaine de nationalités y sont admissibles. Le programme permet d’obtenir un permis de travail fermé d’une durée maximale de 24 mois, selon le volet sous lequel la demande est présentée.
Pour les talents déjà au Québec, et en cours de démarches de résidence permanente, des permis dispensés d’EIMT peuvent également être envisagés.
Coûts et délais : une planification essentielle
Il faut prévoir de deux à quatre mois pour traiter une demande d’EIMT et de CAQ (hors affichage). Le traitement d’un permis de travail varie de quelques semaines à plusieurs mois, selon le pays d’origine. Pour les renouvellements, les délais internes au Canada sont de quatre à six mois. Il est donc crucial d’anticiper le renouvellement des statuts six à huit mois avant l’expiration du permis.
Concernant les coûts, en 2024, une EIMT coûte 1 000 $ et un CAQ 444 $. Les permis dispensés d’EIMT impliquent des frais d’offre d’emploi électronique de 230 $. Les frais pour un permis de travail sont de 155 $ ou 172 $ (dans le cadre de l’EIC), et 85 $ pour les données biométriques. Ces coûts peuvent être assumés par l’employeur ou le talent étranger.
Intégration et rétention des talents étrangers
À des fins de rétention, une bonne pratique peut être de s’informer dès que possible de la volonté du talent à demeurer au Canada à long terme. Cela permet notamment d’anticiper les délais et les coûts de renouvellement du permis de travail, mais aussi de définir quelle sera la position de l’employeur dans la transition vers la résidence permanente.
La rétention passe également par la bonne intégration des talents étrangers. Dans cette optique, l’employeur peut mettre en place différentes initiatives pour faciliter leur installation. Notamment :
- Leur proposer de les accompagner dans la recherche d’un premier logement, que ce soit via la mise à disposition d’information ou la mise en relation avec des sociétés spécialisées;
- Rendre accessible toute l’information pertinente en lien avec les premières démarches administratives à effectuer;
- Ou encore, réaliser pour eux une première épicerie!
De manière globale, une approche proactive et bienveillante dans l’intégration et l’accompagnement des talents étrangers est essentielle pour favoriser leur rétention à long terme.